De l’histoire au blockhaus du Lieutenant de Courson

En venant visiter les champs de bataille de l’Argonne, les pèlerins et les touristes passent souvent par la route de la Haute Chevauchée. En arrivant au carrefour de la Croix de Pierre, ils croisent au bord de cette dernière un petit blockhaus.

Coordonnées G.P.S. du blockhaus : N 49° 09′ 01,6″ – E 005° 00′ 52,5″

Blockhaus de Courson - Général

Abri de Courson le long de la Haute Chevauchée

Ce blockhaus appelé dans la région « Abri de Courson », comporte un cartouche avec cette inscription :

ABRI
LIEUTENANT
DE COURSON
TUE GLORIEUSEMENT
1915

Blockhaus de Courson - Cartouche

Cartouche du blockhaus

Contrairement à ce que peut laisser penser cette dernière, le Lieutenant de Courson n’est pas mort dans les environs en 1915. Voyons donc qui était cet officier…

Le Lieutenant Robert Armand Marie de Courson de la Villeneuve est issu d’une vieille famille bretonne, fortement liée à l’histoire de France. Elle compte en effet, de nombreux hommes de guerre depuis le Croisé Robert de Courson qui combattu en 1249 jusqu’aux officiers ayant participés aux différents conflits du XX° siècle.

Portrait de Robert de Courson de la Villeneuve

Portrait de Robert de Courson de la Villeneuve – Collection H. de CLERCK

Robert Armand Marie de Courson de la Villeneuve est né le 29 mai 1878 à Tours dans l’Indre-et-Loire. Sixième enfant du Général Arthur de Courson de la Villeneuve et de sa femme Marie, il avait quatorze frères et sœurs.

Parents de Robert de Courson de la Villeneuve

Les parents de Robert de Courson de la Villeneuve – Collection H. de CLERCK

Enfants de Courson

Robert de Courson de la Villeneuve avec ses frères et sœurs  – Collection H. de CLERCK

Le 14 novembre 1896, alors qu’il n’a que 18 ans, il choisit de s’engager volontairement dans l’armée à la mairie de Lille. Il rejoint le jour même, la caserne lilloise du 43° Régiment d’Infanterie, où il est intégré avec le grade de Soldat de 2° Classe. Le jeune homme est nommé Caporal le 16 mai 1897, avant de prendre le grade de Sergent en novembre de la même année. Début avril 1898, une décision du Général commandant la 1° Brigade d’Infanterie, l’affecté au 13° Régiment d’Infanterie de Nevers, qu’il rejoint le 17 avril en conservant son grade. L’année suivante, il se réengage pour trois ans, avant d’être d’intégrer le 18 avril 1900 à l’École Militaire d’Infanterie.

A sa sortie de Saint-Maixent en 1901, il est affecté au 84° Régiment d’Infanterie qui est encaserné dans le Nord. Il est Sous-Lieutenant lorsqu’il épouse l’année suivante, Mademoiselle Peslin Madeleine avec qui il aura quatre enfants : Hubert, Jacqueline, Brigitte et Colette.

Robert de Courson de la Villeneuve et son épouse

Robert de Courson de la Villeneuve et son épouse – Collection H. de CLERCK

Robert de Courson de la Villeneuve et ses enfants

Robert de Courson de la Villeneuve et ses enfants – Collection H. de CLERCK

En 1903 il est promu au grade de Lieutenant avant de prendre, quatre ans plus tard, un congé sans solde. Il réintègre finalement l’armée en 1909 pour rejoindre les rangs du 82° Régiment d’Infanterie de Montargis. Dans un premier temps, il commandera la 8° Compagnie du régiment.

82° R.I. - 8° Cie

Le Lieutenant de Courson de la Villeneuve et la8° Compagnie du 82° Régiment d’Infanterie – Collection privée

Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et dans les jours qui suivent toute l’Europe plonge dans le chaos.Le Lieutenant de Courson commande alors la Section de Mitrailleuses du 2° Bataillon du 82° Régiment d’Infanterie. Peu après la déclaration de guerre, le 82° Régiment d’Infanterie quitte en train, ses casernes de Montargis et de Troyes. Pour rester en contact avec sa famille, le Lieutenant écrit de nombreux courriers. Sa première lettre est envoyée de Nogent-sur-Marne le 5 août 1914 et montre dans quel état d’esprit il se trouve, lui et ses hommes :

« Nous sommes toujours en wagon. Très gais, nous disons mille blagues et jouons au bridge. Les hommes chantent sans arrêt et reçoivent des fleurs et du papier à lettres des femmes qui regardent arriver les trains. Je suis avec B-D-L-P et nous n’arrêtons pas de plaisanter. Nous avons appris à midi que l’Angleterre marchait sûrement et faisait venir l’armée des Indes et les Canadiens. La Hollande a été foulée par les armées allemandes. Son armée se mettra peut être aussi de la partie.
Nous arrivons à Troyes et apprenons que nous serons envoyés de suite à Lérouville où nous arriverons le 6 août à 2 heures du matin. Je vais à merveille, aux gares on nous distribue du bon café.
Bon courage… »

Le 82° Régiment d’Infanterie se rend dans le Nord-est de la France pour se placer le long des frontières avec la Belgique. En arrivant sur place le lendemain, le Lieutenant écrit un autre courrier :

« Nous voici à 40 km de la frontière. La 9° Division est massée à Saint Michel. Il fait beau. Les santés sont excellentes et l’entrain merveilleux. »

Ces lettres nous permettent de comprendre dans quel état d’esprit se trouve la grande majorité des militaires français. Ils sont heureux de partir en guerre et se voit déjà victorieux. Les premières victoires en Alsace leur donne raison et le Lieutenant en parle dans une lettre du 10 août :

« Tu as sans doute lu chaque jour les nouvelles affichées à la mairie. C’est splendide! Nous voilà victorieux; il me semble vivre un rêve. nous envions nos camarades d’Alsace qui viennent de passer des moments inoubliables. Nous avons quitté hier le point où nous étions restés trois jours, pour remonter de 30 km au Nord-ouest. Nous pensons que le moment ne tardera pas pour nous de foncer. Impossible de t’en dire plus long. Toujours en excellente forme, je suis enchanté de cette existence passionnante. »

Malheureusement cette situation va vite changer avec les premières défaites sur les frontières. Les allemands repoussent les troupes françaises vers le Sud, en direction de Paris. Cette retraite à un effet négatif sur le moral de la troupe et le Lieutenant n’échappe pas à la règle lorsqu’il écrit le 30 août :

« Encore deux batailles 29 et 30. Régiment peu exposé n’a pas souffert. Suis en excellente santé et désolé seulement de cette défensive. Nous passons la nuit dans les bois où nous dormons très bien avec la paille en abondance. Les vivres arrivent bien. Je n’ai aucune fatigue m’étant remonté avec un cheval de chasseur échappé sur le champ de bataille. Il est excellent. »

Le 1° septembre, le 82° Régiment d’Infanterie quitte la vallée de la Meuse à Dun-sur-Meuse pour se diriger sur Cléry-le-Grand. Les 10° et 12° Compagnies se mettent en position dans le bois au Sud du village et le 1° Bataillon se place le long de l’Audon pour ralentir la progression de l’ennemi. Ils finissent par se replier et vers 18 h 45, le régiment reçoit l’ordre de reculer sur Cunel. A la nuit, l’unité se trouve, aux portes Nord-est de l’Argonne, à Cierges-sous-Montfaucon. Le Général Marquet rejoint le 82° Régiment d’Infanterie à minuit et lui ordonne d’aller bivouaquer à Nantillois. Les pertes du régiment sont importantes et deux officiers ont été tués lors des combats de cette journée.

Les hommes arrivent au bivouac vers 2 h 00 du matin et trois heures plus tard, après une courte nuit, ils sont réveillés afin de se préparer au départ. A 6 h 00, le régiment fait mouvement vers Ivoiry et rejoint d’autres unités dans un ravin entre Epinonville et Ivoiry. A 9 h 00, le rassemblement est terminé et le régiment doit rejoindre Varennes-en-Argonne en passant par Véry et Cheppy. En arrivant dans le village à midi, le 1° Bataillon reçoit d’abord l’ordre de se rendre au Four-de-Paris pour soutenir la cavalerie, mais un contre-ordre le fait s’arrêter sur la face Nord de la Côte 207. Le 2° Bataillon se rend à Montblainville et le 3° Bataillon se place en réserve à la Côte 207. Ces mouvement sont terminés vers 15 h 00, sans incidents notoires et en fin de journée l’ennemi ne s’est toujours pas montré.

La III° Armée, dont fait partie le régiment, est en train de verrouiller la vallée de l’Aire et va tenter de stopper les allemands autour du village où Louis XVI fut arrêté.

Le  3 septembre à 5 h 00 du matin, le 82° Régiment d’Infanterie reçoit l’ordre de se rassembler à la sortie de Varennes-en-Argonne, à l’Ouest de l’actuelle Route Départementale 946. Une fois sur place, il est chargé de tenir ,avec le reste de la 17° Brigade d’Infanterie, le front allant du « V » de Vauquois à la lisière Est de la forêt d’Argonne. Le 1° Bataillon va soutenir la cavalerie au Four-de-Paris, le second se place entre la Côte 207 et Boureuilles et le dernier occupe le terrain entre les pentes Nord du « V » de Vauquois et l’Aire. Le Lieutenant de Courson et ses mitrailleurs mettent leurs pièces en batterie dans les positions du 2° Bataillon.

Les obus commencent à tombés vers 11 h 00 et rapidement un violent combat s’éclate entre français et allemands. Vers 13 h 00, le 3° Bataillon voyant sa droite menacée et craignant d’être encerclé amorce un mouvement de repli, mais il reçoit imméditement l’ordre de reprendre sa position initiale. Une heure plus tard, c’est le 2° Bataillon qui commence à reculer, mais comme le précédent on lui ordonne de reprendre sa place sur la Côte 207. Dans les heures qui suivent la 5° Compagnie du 2° Bataillon, qui occuper la lisière Est de la forêt d’Argonne, est contrainte de reculer sous la pression. A 19 h 30 et après une après-midi entière de combat, le Colonel commandant le 82° Régiment d’Infanterie reçoit l’ordre de se replier sur Parois alors que la quasi totalité de ses Bataillons avaient réussit à conserver leurs positions et ce malgré la quarantaine d’hommes mis hors de combat.

Les soldats passent par Neuvilly-en-Argonne puis Aubréville et arrivent à Parois vers 23 h 00. Dans la nuit  l’ordre général n°45 arrive et annonce :

« Le 5° Corps d’Armée se portera demain 4 septembre dans la région de Triaucourt, Froidos, qu’il devra atteindre pour 9 h 00, couvert par une arrière-garde sur la ligne Clermont-en-Argonne, Auzéville et une arrière-garde aux Islettes.
Marche en une colonne. Itinéraire : Clermont-en-Argonne, Froidos, Waly, Foucaucourt-sur-Thabas. […] L’arrière garde de la colonne formée par le 8° Chasseurs, la 18° Batterie et l’Artillerie Divisionnaire 9, sous les ordres du Général commandant la 9° Division d’Infanterie. Son mouvement  sera réglé de manière qu’elle n’atteigne pas la ligne Clermont-en-Argonnne, Auzéville avant 9 h00. […] Le détachement des Islettes réduit à un régiment et un peloton du 8° Chasseurs opérera en liaison avec l’arrière-garde du Corps d’Armée. Direction éventuelle de repli sur Brizeaux par Futeau. Le Bataillon du 82° Régiment d’Infanterie (au Four-de-Paris) et le groupe de l’Artillerie Divisionnaire 10 affecté au détachement des Islettes, se porteront par Les Islettes et Futeau sur Brizeaux (mouvement réglé par le commandant du Bataillon du 82° Régiment d’Infanterie de concert avec la 7° Division de Cavalerie. »

Extrait du J.M.O. du 82° Régiment d’Infanterie
Service Historique de la Défense – 26 N 665/1

Le 4 septembre 1914, les 9° et 10° Divisions d’Infanterie se replient suivant les ordres donnés par le commandant du Corps la veille et laissent Clermont-en-Argonne et Sœur Gabrielle aux mains de l’ennemi. Le 82° Régiment d’Infanterie, sans le 1° Bataillon, rejoint la colonne et arrive le soir à Lavoye, où il cantonne. Le lendemain, le régiment est placé l’arrière-garde de la 9° Division d’Infanterie lorsqu’elle évacue la région de Lavoye à 5 h 30. Il se dirige ensuite vers Waly par Froidos et va occuper la Côte 222 dans les environs de Evres. A 11 h 00, on lui demande de former les avant-postes de la Division au Nord de Pretz-en-Argonne. Il change donc de position pour établir une ligne de résistance passant par la masse d’arbres, la Côte 239, le boqueteau à 1 kilomètres Ouest de cette dernière. Le dispositif adopté par le 82° Régiment d’Infanterie est le suivant :

  • 1° Compagnie (1° Bataillon) au Nord-est de la masse d’arbres
  • 2° Compagnie (1° Bataillon) en réserve à la masse d’arbres
  • 3° Compagnie (1° Bataillon) entre la masse d’arbres et le boqueteau au Sud de Evres
  • 4° Compagnie (1° Bataillon) à la  lisière Nord de ce boqueteau
  • 5° Compagnie (2° Bataillon) à la lisière Nord  de Bois de la Grande Brouenne
  • 6° Compagnie (2° Bataillon) entre la Côte 239 et le Bois de la Grande Brouenne
  • 7° Compagnie (2° Bataillon) en réserve au centre
  • 8° Compagnie (2° Bataillon) Côte 239
  • 3° Bataillon en réserve d’avant-postes au Nord de la Côte 222

La 4° Compagnie est violemment prise à partie par l’artillerie allemande vers 16 h 00 et quelques unes de ses Sections se replient. Arrêtées par le Colonel Ponsignon et le Capitaine Fleuriot, elles sont reportées en avant. Les pertes du régiment s’élèvent pour cette journée à quelques tués et une quinzaine de blessés. Le secteur reste calme au cours de la nuit et le 82° Régiment d’Infanterie reste dans ses positions.

Le 6 septembre le Général Joffre, commandant en chef des Armées françaises, envoi cet ordre à toutes les unités du front  :

« 6 septembre, 9 heures
Au moment où s’engage une bataille dont dépend le Salut du pays, il importe de rappeler tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l’ennemi.
Une troupe que ne peut plus avancer, devra coût que coût garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée.
Signé Joffre.
Message communiquer immédiatement à tous, jusque sur le front. »

Cet ordre marque le début de la Bataille de la Marne et les dernières heures du Lieutenant de Courson. Pendant plusieurs jours des violents combats vont éclater sur près de 300 kilomètre de front allant de l’Ouest de Verdun à Senlis. Ils permettront d’arrêter la progression de l’ennemi et de le repousser vers le Sud, mais ils coûteront la vie à des milliers d’hommes.

Après avoir reçu cet ordre le Colonel, commandant le 82° Régiment d’Infanterie, l’apporte en personne à ses chefs de Compagnie et en profite pour inspecter ses avant-postes. Quelques instants plus tard, le combat s’engage, les canons des deux camps entament un duel avant que l’infanterie allemande ne charge les tranchées du régiment. Il ne plie pas, mais les pertes sont effroyables et s’accentuent lorsque les mitrailleuses ennemies entrent en jeu. Vers 10 h 00, deux Compagnies du 76° Régiment d’Infanterie qui font la liaison avec la 5° Compagnie du 82° Régiment d’Infanterie, perdent pied et se replient sans avertir cette dernière. Les allemands en profitent pour se glisser dans le bois et prendre à revers le 2° Bataillon. Ils se peuvent ensuite prendre le 3° Bataillon en enfilade.

La Section du Lieutenant de Courson, dont les mitrailleuses sont en batterie dans les tranchées du 2° Bataillon, continue ses tirs pour éviter d’être anéantie. Alors qu’il commande sa section, le Lieutenant est volatilisé par un obus le 6 septembre 1914.

La femme du Lieutenant de Courson est informée le lendemain de la disparition de son mari par son ordonnance, Robotin Raymond :

« Madame de Courson,
Je me permet d’écrire ces deux mots à Madame, mais je pende que Madame a été avertie du malheur qui est arrivé à Monsieur avant l’arrivée de ma lettre, maintenant Madame je pense mon devoir d’avertir Madame, autant plus que j’étais l’ordonnance à Monsieur et que j’étais avec lui depuis le début de la campagne. J’ai resté jusqu’au dernier moment avec Monsieur, mais je n’ai rien plus lui faire autant plus qu’il a été tué sur le coup. Maintenant Madame, j’ai ramassé à Monsieur tout ce que j’ai plus y avoir et j’en ai fait un petit colis à Montargis.
Recevez Madame, mes salutations les plus empressés.
Robotin Raymond
82° Régiment d’Infanterie, 5° Corps d’Armée, 9° Division, 17° Brigade. »

Un autre de ses camarades et amis, le Lieutenant Rivière du 1° Régiment d’Infanterie, écrit le à son père deux jours plus tard :

« Moulins, 9 septembre 1914,
au Général de Courson
Mon Général,
C’est avec un affreux serment de cœur que je viens remplir un pénible devoir dont m’avait chargé votre fils Robert. J’ai la douloureuse mission de vous annoncer sa fin glorieuse, mais je le fais sans crainte connaissant assez les sentiments de votre cœur de soldat.
Robert qui était pour moi un loyal et cordial ami est tombé en brave à la tête de sa section de mitrailleurs, le 6 septembre à 11 heures du matin auprès du village d’Evres (20 kilomètre au Sud de Bar-le-Duc). Au moment où il regardait dans sa jumelle il a été frappé en pleine poitrine par un obus explosif, c’est à dire que la fin a été sans souffrance. Courageux, parfois même téméraire, estimé et aimé de ses hommes qui l’auraient suivi partout sa mort constitue pour le régiment une perte considérable et pour tous ses camarades un ride irréparable dans nos rangs.
Blessés deux jours après, mon cher désir est de retourner là-bas venger sa mort et celle d’autre, trop nombreux camarades, hélas!
Veuillez agréer, je vous prie, mon Général, en même temps que mes très douloureuses condoléances, l’expression de mes sentiments respectueux et émis.
Rivière, Lieutenant au 1° Régiment d’Infanterie. »

Après le décès de son mari, Madame de Courson demande à Monsieur Bastien, un cultivateur d’Evres, d’installer une croix sur les lieux du drame. Quelque temps plus tard, Bertrand de Courson, qui est aussi sous les drapeaux, profite d’un jour de repos pour se rendre sur les lieux du décès de son frère Robert. Il est accueilli par le cultivateur, qui le conduit à la croix qu’il a dressé. Peu après, Bertrand de Courson écrit une lettre pour rendre compte de cette visite :

« 31 juillet 1915
Le fermier Bastien m’a conduit dans le bois du Houl et j’ai pu prier là-bas pour notre cher Robert. Le fermier a fait faire une croix noire avec ces mots en blanc : « Ici est tombé Robert de Courson, lieutenant mitrailleur au 82°d’Infanterie le 6 septembre 1914 ». On voit encore les éclats d’obus au pied de la croix. Il y a aussi une clôture de fils de fer d’une dizaine de mètres de longueur et à peu près autant de large tout autour. J’ai écrit à Mad (épouse de Robert) qui m’avait demandé de lui rendre compte de ce que Bastien avait fait et je me mets à sa disposition si elle veut qu’on fasse autre chose. Le fermier m’a dit qu’il a aussi tout près de cet endroit quelques ossements et quelques débris de drap rouge qu’il garde chez lui ; il a d’ailleurs écrit à Mad à ce sujet.
Cette visite à Evres est bien douloureuse, on voudrait trouver une tombe au moins, mais cet obus n’a rien laissé. Je compte retourner de temps en temps de mon cantonnement à Evres, j’en ai pour à peine quart d’heure à cheval. Cette brave famille Bastien m’a fait excellent accueil, me forçant à manger chez eux à 4 heures de l’après-midi, se croyant obligés de m’offrir une serviette qu’ils avaient du mal à trouver. »

 La croix indiquant le lieu du décès du Lieutenant de Courson existe toujours de nos jours. Elle se trouve dans un bois non loin d’Evres (les coordonnées GPS de cette croix seront ajoutées dans le futur).

tombe Evres 013

Croix dédié au Lieutenant de Courson de la Villeneuve – Photographie famille Maurer

tombe Evres 011

La fiche matricule de Lieutenant nous apprend qu’il a d’abord été inhumé à Evres dans le cimetière de l’Église à la tombe 56. La dernière trace de cette sépulture remonte à janvier 1918, mais il est impossible aujourd’hui de dire avec certitude où repose l’officier.

Le blockhaus quant à lui a été construit dans le courant de l’année 1915, sans qu’il soit encore possible d’être plus précis. Il est composé d’une petite pièce semi-enterrée qui possède deux bouches à feu s’ouvrant vers le Nord et l’ancienne ligne de front. Leurs tailles laissent supposer que le blockhaus était armé de mitrailleuses. Cet « Abri de Courson » est flanqué par un autre blockhaus qui se trouve dans la forêt à quelques centaines de mètres au Nord-ouest.

Abri de Courson

Abri de Courson – Collection EMBRY Mikaël

L’Argonne à l’heure 14:18 tient à remercier Monsieur H. de CLERCK qui a gentiment transmis les courriers de son aïeul et autorisé le blog à les publier. Remercions également la famille MAURER qui a transmit les photos de la croix dédiée au Lieutenant de Courson et que Monsieur de CLERCK a bien voulu me transmettre.
Merci de ne pas réutiliser les documents sans l’avis des propriétaires.
Article mis à jour le 22/01/2016

2 réflexions au sujet de « De l’histoire au blockhaus du Lieutenant de Courson »

  1. Ping : De D à F | L'Argonne à l'heure 14:18

  2. Je suis une petite fille de René bastien et je vais essayer de retrouver cette tombe dans ce bois. J’habite Evres. Pouvez vous me donner vos coordonnées .

    J’aime

Laisser un commentaire